Le thème de la préhistoire s’intègre tout naturellement à la pensée proustienne de la temporalité. De fait, il apparaît à intervalles réguliers dans La Recherche du temps perdu, sous forme métaphorique ou comparative, pour exprimer les intrusions du passé dans le présent. L’intérêt de Proust pour ces questions est par ailleurs sensible dans ses relations de sympathie avec Rosny Aîné, le principal représentant du genre du « roman préhistorique », ou encore dans sa découverte tardive de l’existence des grottes ornées paléolithiques, en 1917. Sur ce fond, deux questions se posent : les représentations véhiculées par la notion de préhistoire chez Proust ont-elles évolué au cours du temps et, si c’est le cas, en fonction de quels facteurs ? D’autre part, la mobilisation du thème de la préhistoire a-t-elle une spécificité dans le vaste éventail des références temporelles mobilisées par l’écrivain pour signifier la présence du passé et, si c’est le cas, quelle est cette spécificité ? Ces questions, il ne s’agira pas d’y apporter des réponses univoques, mais plutôt de les faire résonner en les reliant à un imaginaire moderne de la préhistoire.
Rémi Labrusse est directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Il a travaillé notamment sur l’invention de la préhistoire en tant que phénomène moderne (Préhistoire. L’Envers du temps, Paris, 2019).
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