D’emblée, l’art paléolithique pose au regard le défi de ce que sont les images : un « entrelacement de l’être et du non-être », comme l’écrivait Platon. Ce nouage de l’illusoire et du vrai, du visible et du caché, de l’ici et de l’ailleurs ne cesse de se relancer dans leurs apparences, là où tout est toujours à leur surface. Nous ignorons ce que ces images « veulent dire » (signifier) et c’est pourquoi, nous revenons vers elles, toujours. Mais nous voyons « ce qu’elles font », de vouloir voir. Des intentions en acte parcourent les gestes du dessin et une efficacité peut être dégagée des effets visuels qu’ils produisent, notamment en inventant des figures.
Les propriétés plastiques des figures exposent ce pouvoir de transformer la matière en esprit et de faire de cet esprit un agent. L’admiration que les artistes modernes porteront à cet art exprimera leur mélancolie que, dans un monde sécularisé, leurs propres images soient désormais privées de toute croyance en un pouvoir qu’ils chercheront pourtant à réinventer.
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