Faut-il renoncer à interpréter l’art préhistorique ?
Georges Sauvet
Tout est interprétation, à commencer par la perception visuelle. L’œil n’est qu’un accessoire du cerveau qui est en charge d’interpréter les formes et les couleurs et de leur donner un sens. La Psychologie de la Forme confirme le rôle prépondérant du cerveau dans la perception. La paréidolie est une autre manifestation de cette propriété du cerveau qui pousse à tout interpréter.
Je prendrai surtout de exemples dans l’art et plus particulièrement dans l’art pariétal préhistorique. La place donnée à l’utilisation des reliefs montre que la paréidolie occupait déjà fortement l’esprit des Paléolithiques. Mais le même désir de trouver un sens figuratif à toute forme rocheuse affecte également nos contemporains. Nous verrons que plusieurs préhistoriens croient voir des motifs qui n’existent que dans leur imagination. Pour eux, la surface rocheuse se présente comme un test de Rorschach.
Le besoin de tout interpréter nous affecte tous, les psychanalystes dans leur pratique quotidienne, les préhistoriens dans leur désir de comprendre les sociétés disparues bien que nous ignorions tout de leurs symboles et de leurs croyances. C’et pour faire face à ce manque de connaissances objectives que l’on se laisse aller à des constructions sorties de notre imagination. Les dizaines d’interprétation de la Scène du Puits de Lascaux sont le meilleur exemple de cette soif de comprendre en dehors de toute rationalité.
Quelle force irrépressible nous pousse à tout interpréter ? Comment renoncer à donner un sens à ce qui est incompréhensible, alors que le cerveau humain semble fait pour ça ?
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